Chez les nomades éleveurs de yaks

16 au 22 juillet 2017

A six heures de route de Jiuzhaigou, le bus nous lâche sur le bord de la voie rapide, à quelques kilomètres de Langmusi où nous nous rendons, ville-frontière entre le Gansu et le Sichuan. Rachel et Teva rencontrés en Nouvelle-Zélande nous avaient recommandé cet endroit qu’ils ont visité il y a plusieurs années. C’est en effet un lieu encore un peu préservé des hordes de touristes même si les cars chinois s’arrêtent désormais ici afin de visiter les temples tibétains de chaque côté de la « rivière du dragon blanc » qui traverse la ville et marque le frontière entre les deux provinces. Mais le charme opère toujours dans ce village niché dans les montagnes et surmonté d’un ensemble rocheux surnommé le « red rock mountain ». Un mini-van attend les passagers déposés sur le bord de la route et nous dépose à l’auberge de jeunesse dans laquelle nous nous attardons une petite semaine. Elle est à quelques pas de Kerti Gompa, côté Sichuan, un temple dont la construction remonte à 1413 et un monastère qui abrite encore aujourd’hui 700 moines, dont de très jeunes. C’est d’ailleurs ce qui donne une âme à cette petite bourgade : ces moines que l’on croise partout dans les ruelles… Très étonnant de voir les moinillons jouer comme tous les enfants avec des armes en plastique ou se régaler de bonbons… Dommage qu’ils n’acceptent pas qu’on les prenne en photo !

 

L’auberge est également à proximité du quartier musulman reconnaissable à ses maisons jaunes et sa mosquée d’architecture chinoise. De l’autre côté de la rivière, face à la terrasse de notre auberge, nous apercevons également le Serti Gompa, côté Gansu, un autre monastère, datant du 17ème, plus éclatant avec ses temples aux toits dorés et aux peintures de toute beauté. Là encore, pas de photo possible des moines à la prière jouant de leurs instruments, ni des femmes d’un certain âge qui font le tour du Kora (monastère) en utilisant des bouliers servant à se souvenir du nombre de tours effectués, comme un chapelet. Le bouddhisme a au moins cela de bon : les rites relatifs à la prière se pratiquent beaucoup dehors et prier tout en marchant est fort bien pour la santé ! D’ailleurs, outre les drapeaux de prières qui flottent en haut de longues perches plantées dans le Latza (cairn ou couverture de pierres en l’honneur des dieux, généralement situé au sommet d’un col) dont les cinq couleurs symbolisent les éléments et sur lesquels des formules sacrées sont inscrites, animées par le vent et emportées vers les dieux, nous trouvons souvent aussi au cours de nos ballades des petits carrés de papiers sur lesquels sont écrites des prières. Une coutume tibétaine étonnante qui laisse des traces dans la nature… Beaucoup de visiteurs viennent à Langmusi afin d’assister à une cérémonie traditionnelle tibétaine d’enterrement céleste qui consiste à rendre le corps des morts à la Nature en les livrant aux rapaces dans les montagnes. Sans regret, nous n’aurons pas assisté à cela !
Langmusi est également réputée pour ses trekkings, à pied ou à cheval dans la montagne. Nous avons décidé de partir deux jours à cheval visiter les nomades éleveurs de yaks. Le nomadisme est une particularité de la culture tibétaine. La vie des nomades suit le rythme des saisons. A chaque famille est attribuée au moins trois pâtures pour faire paître leurs troupeaux de yaks et de moutons. En été, ils bougent tous les 40 à 50 jours pour changer de pâture et utilisent leurs yaks pour transporter leur tente et leurs affaires.

 

Accompagnés de notre guide Taïchi, nous remontons d’abord la rivière du dragon blanc jusqu’à sa source en nous arrêtant pour une première halte dans la tente où une jeune maman nous prépare le déjeuner. Son bébé emmitouflé dans un coin de la tente attend sagement tandis qu’elle nous prépare la soupe aux tomates et à l’œuf ainsi qu’un riz aux légumes et pomme de terre. Tout est cuit sur le fourneau central de la tente, cela prend donc un petit peu de temps ! En fin de journée, c’est une autre femme qui nous accueille, à 3800 mètres d’altitude. Les hommes sont peu présents, ce sont les femmes qui assurent la quasi-totalité du travail. Les hommes se limitent à rassembler et surveiller le troupeau et passent souvent leur journée à boire le thé et à jouer aux cartes entre eux à Langmusi. Notre hôtesse a 40 ans, et vit dans une tente noire en poils de yaks. L’habitat y est précaire : un fourneau au centre, une grande paillasse sur sa droite dans toute la longueur de la tente, l’autre moitié à gauche étant divisée entre un espace de préparation alimentaire à même le sol (où sont entassés un bric-à-brac de bassines, bidons d’eau et aliments) et un tas de bouse de yaks séchée qui sert de combustible pour le fourneau. C’est ici que nous dormirons le soir, tous les quatre avec notre guide. Deux autres tentes à proximité, (en plastique cette fois) abritent d’autres familles, avec de jeunes enfants. Ce groupe a en charge un troupeau de 150 yaks environ. Plus bas dans la montagne, deux autres groupes de familles gèrent des troupeaux de 250 et 330 têtes. Dans la journée, toutes ces bêtes sont éparpillées dans les pâturages alentours. Ce n’est pas facile de communiquer car personne ici ne parle anglais. On essaie de de comprendre par les regards et les gestes. Les garçons apprennent à manier la fronde qui permet de lancer des pierres vers les yaks qui ne bougent pas ou qui ne vont pas dans la bonne direction au moment du rassemblement. Nous accompagnons notre hôtesse dans cette tâche le soir venu et Fantin est ravi de pourvoir apporter son aide afin d’attacher les femelles et les séparer de leur petit en vue de la traite le lendemain matin. La traite fait partie des nombreuses tâches quotidiennes des femmes. Le lait des yaks est meilleur le matin et notre hôtesse passera toute la matinée, de 6h30 à 10h30 le lendemain à traire ses bêtes à la main. Elle met le bébé yack au pis très brièvement d’abord afin de faciliter la traite, puis le sépare de sa mère le temps de la traire avant de le laisser enfin boire à son tour. Ce sont aussi les femmes qui fabriquent le fameux beurre de yak, vont chercher l’eau à la rivière, préparent les repas et collectent la bouse de yak. Nous serons mis à contribution dès le saut du lit afin de collecter les bouses séchées par le soleil depuis quelques jours et laisser la place afin d’étaler les fraîches laissées pas les yaks la nuit. Les montagnes sont très peu boisées et ce combustible s’avère efficace et eco-friendly… tant qu’il ne pleut pas et que les bousent peuvent sécher ! On se fait finalement à l’odeur…. Pour le dîner, notre hôtesse nous a préparé une soupe à base de pâte qu’elle a elle-même fabriquée, de légumes et de viande de yak. Nous nous rassemblons autour du fourneau pour manger avant de nous installer à touche-touche, tous les quatre, avec nos sacs de couchage sur la paillasse faite d’herbes, de brindilles et de bouse sèche. Taïchi nous recouvre de plusieurs épaisseurs d’édredons supplémentaires avant de s’installer à son tour à nos pieds. Il faut dire que la tente est loin d’être hermétique et pas de chauffage la nuit ! Personne ne se lèvera pour sortir aux toilettes car les chiens sont lâchés pour protéger les troupeaux de moutons et de de yaks des attaques des loups la nuit ! Le lendemain, nous reprenons nos montures et repartons à travers les pâturages pour retrouver Langmusi. Nous traversons des océans de fleurs, avec uniquement des montagnes à l’horizon, c’est absolument magnifique. Marmottes et Edelvweiss à perte de vue…  De retour à l’auberge, nous restons quelques jours le temps de nous remettre de ces heures d’équitation et profiter enfin de quelques plats appréciés dans ce village, dont les fameuses brioches de Kung-Fu Panda ! Les deux jeunes volontaires bien sympathiques qui travaillent à l’auberge pour un patron fou de karaoké (il y a performance tous les soirs !) se prennent d’affection pour Fantin tandis que nous préparons la suite de notre voyage.

Langmusi Tibetan Horse Trekking : (bureaux chez « Black Tent ») 680 RMB/personne

Bus Jiuzhaigou-Langmusi : 120 RMB/personne

Visite des temples : 30 RMB/adulte

Tibetan Barley youth hostel : 35 à 40$/nuit les deux chambres doubles, SDB / Zangdé Qingké Guo ji Qingnian Lùshé / Tel : 13438798688

Share this on

Google + Pinterest

0 Comments

Leave a Comment

<p>Your email address will not be published. Required fields are marked *</p>

Haut de page