Toc-Toï Mongolie !

31 juillet au 12 août 2017

Ce dernier pays de notre tour du monde est une étape singulière car nous y voyagerons accompagnés d’un chauffeur et d’une interprète. En effet, c’est très compliqué pour des voyageurs en sac à dos de se déplacer sans voiture car les lignes de bus sont peu nombreuses et il est très difficile d’y conduire : quasiment pas de routes goudronnées ou en très mauvais état, signalisation routière rarissime et en caractères cyrilliques, pistes désertiques et souvent méconnaissables…. Afin d’aller à la rencontre des familles nomades sur ce territoire de 1 500 000 km² (plus grand que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie réunis !!!), c’est Puujee qui prendra le volant de notre van 4×4 (avec le volant à droite tout en roulant à droite… une bizarrerie non corrigée de l’import japonais ici ! ). Les chauffeurs ne parlent  pas anglais, comme la plupart des mongoles d’ailleurs, et c’est Moogii, une professeur de russe à l’université de Oulan-Bator, qui sera notre interprète tout au long de ce voyage dans ce pays.

Le premier contact avec le pays n’est pas le plus intéressant à Oulan-Bator, capitale qui concentre la moitié des 3 millions d’habitants de la population mongole. Elle conserve les stigmates de la période communiste, sous l’influence de l’URSS de 1911 jusqu’à la révolution démocratique de 1990, et l’appartement dans la cité qui nous héberge en centre-ville n’a pas dû être rénové depuis ! Mais nous ne nous y attardons pas car nous sommes venus ici à la rencontre des familles nomades qui constituent près de 30% de la population.

Zuun Kharaa / Erkhet : famille de Shaara

Notre premier voyage au travers des steppes se fait d’abord en train, à bord du transmongolien, la ligne qui prolonge le transsibérien, et qui nous emmène au nord, dans la famille de Shaara, éleveur de chevaux, moutons chèvres et vaches. Nous y sommes logés dans la yourte principale tandis que la famille dort dans la yourte qui fait office de cuisine et goûtons pour  la première fois le Airag, lait fermenté de jument, accompagné de fromage mongol sec, l’Aaruul, en guise de bienvenue lors de la cérémonie d’accueil. Ici le temps est ponctué par les tâches d’entretien du bétail et nous devons nous habituer à ce rythme lent (pour nous qui ne travaillons pas !) en attendant le dîner de soupe à la viande et aux pâtes. Avant la traite des 15 vaches, toutes les générations de filles de la famille regardent un soap opéra chinois à la TV reçue par antenne satellite et alimentée par une batterie de voiture. Le lait est vendu chaque matin 600 tugriks le litre au village voisin, soit 0,20 € (le salaire mensuel moyen dans le pays est de 225€). Nous regardons les femmes au travail, essayons chacun de traire à notre tour. Et profitons de ce moment avec elles pour nouer la conversation dans la douceur du crépuscule autour de l’enclos des veaux. Les jeunes hommes rassemblent les moutons pour la nuit près du camp puis s’occupent des chevaux. Ils en ont une trentaine : 2 lots de Mongols pure race et un lot de croisés Arabes. Le fils de 22 ans est un champion et la famille expose ses trophées dans la yourte principale. Nous assistons à leur talent de cavalier en train de débourrer un cheval de 3 ans : lancer de lasso  et rodéo ! Très impressionnant…. La nuit nous n’avons pas froid dans la yourte, au contraire, il fait même chaud rapidement le matin. Pendant que les gars dorment encore nous nous installons dehors pour le petit déjeuner et admirons le spectacle des troupeaux sur la steppe à perte de vue.

 

Pour occuper notre matinée nous participons à la confection de gâteaux que la tante retraitée (qui vit dans la troisième yourte du camp) va apporter à ses enfants à Oulan Bator. Ils sont frits dans l’huile au feu de bois dans un petit cabanon ou il fait une chaleur de bête. Puis c’est l’heure de la traite des juments dont le lait permet de confectionner le Airag (lait fermenté excellent pour la santé parait-il). Le midi nous partons tous pique-niquer au bord de la rivière où nous préparons un hot pot de mouton. Les garçons passent le temps l’après-midi en jouant au foot avant une deuxième nuit sous la yourte et le lendemain nous partons à cheval pour une promenade. Les chevaux semi-sauvages mongols sont nerveux et on ne peut pas les arrêter quand ils partent tous au galop sur le chemin du retour au camp. Belle frayeur de maman « Dalton » mais plus de peur que de mal, à part une brûlure à la main de Nemo tellement il tirait fort sur ses rênes pour arrêter son cheval. Tout le monde est resté en selle malgré la course folle à travers la steppe mais c’est les jambes tremblantes que nous avons remis pied à terre. Ces montures ne sont pas des chevaux de balade et ont le sang chaud. On décide de rentrer déjeuner pour recommencer l’après-midi mais l’orage, le vent et la pluie nous obligeront à rester sous la yourte. Les femmes nous convient à les aider dans la confection de sortes de Buuz à la viande que nous partageons à l’abri de la tempête, même si l’eau parvient quand même à traverser le toit. Ce plat traditionnel de fête est un délice.
Après la pluie nous sommes invités à  revêtir les costumes traditionnels mongols de notre famille d’accueil pour une séance photo. Puis les garçons nous montrent comment ils attrapent les chevaux encore sauvages au lasso. C’est une épreuve de force entre l’homme et l’animal, il y en a un particulièrement récalcitrant qui ne se laisse pas mettre à terre. Mais quand le dresseur y parvient après s’être fait trainer au bout de la corde, nous sommes stupéfaits par la force que cela requiert. Quel habilité pour tenir a cru sur la monture qui se cambre ! Le chef de famille ne revient que dans la nuit d’une cérémonie où il était depuis plusieurs jours et il lui tarde de nous rencontrer. Au réveil il nous accueille avec la vodka mongole à 9 degrés faite à base de lait. Mais le chauffeur qui est arrivé lui aussi avec le van apporte un coli d’un voyageur français précédent avec de l’alcool de prune que nous devons également honorer. 4 shots au réveil ! Accompagnés de marmotte bouillie, drôle de petit déjeuner! Heureusement c’est une longue journée de route qui nous attend et nous pouvons récupérer en voiture…  

Khugnu Khan : famille de Khadaa

Notre deuxième famille nous accueille  au milieu de la réserve naturelle de Khugnu Khan, un écosystème de rencontre entre la steppe et les forêts de la taïga, à proximité de la dune de sable Elsen Tasarkhai, aussi connue sous le nom de « Petit Gobi ». Avec ses 80 km, c’est la troisième plus grande dune de sable du pays, le Gobi faisant 180 km. La famille de Khadaa est composée de 3 filles et 2 garçons, seuls les 3 plus jeunes sont présents. Ils élèvent vaches, chèvres et moutons et nous n’échappons pas à la traditionnelle cérémonie de bienvenue. Mais cette fois le fromage finit discrètement dans nos poches !  Nous partons pour une heure de randonnée à  dos de chameau dans les dunes puis visitons non loin du camp un monastère bouddhiste du 16e siècle, Erdenekhamva, accroché à la montagne entre ciel et terre (entre paradis et enfer). Pas très loin un chamane est installé avec un groupe sous un arbre et l’on entend les vibrations de son instrument. Le chamanisme est en recrudescence depuis une dizaine d’années bien que le bouddhisme soit la religion pratiquée par 80% des mongols. La période communiste a bien tenté de l’anéantir en détruisant les monastères et en persécutant les moines, en vain. Nous laissons les garçons rentrer en van avec Puujee et Moogii tandis que nous rentrons à pied : une balade de 7km  en fin de journée sous le soleil avec la steppe pour seul horizon.

Khujirt : famille de Lkhagva

Nous reprenons la route le lendemain matin après un bon petit déjeuner ensoleillé à l’extérieur de la yourte. Avant l’arrivée dans notre troisième camp nomade où d’autres touristes francophones passent la nuit également, nous nous arrêtons dans les bains municipaux pour l’unique douche de notre périple ! Les installations sont sommaires mais nous apprécions l’eau chaude en quantité alors que dans les camps elle est puisée et consommée avec parcimonie. Cette nouvelle famille habite sur les versants méridionaux des monts Khangai, une région montagneuse aux ressources abondantes où les animaux paissent à l’abri du vent. Après le diner de soupe aux légumes et mouton et la partie de foot jusqu’à la nuit nous participons au fameux jeu des doigts (une sorte de « Pierre-Feuille-Ciseaux ») avec la famille et les nomades des alentours à plus de 25 dans la yourte principale. L’équipe perdante doit boire un bol d’airag et nous quittons le jeu après notre première défaite.  Les mongols resteront jusqu’à 2h du matin et descendront 50 litres de lait alcoolisé !

 

Le lendemain nous restons au camp. Le fils de 7 ans de la tante rentre à cheval d’une compétition équestre où il a décroché le premier prix de slalom et partage avec nous la boite de gâteaux qu’il a reçue en récompense. Fantin passera l’après-midi  accroché à lui sur sa monture à galoper alentours. Nous avons toute confiance vu le niveau du gamin à cheval déjà à son âge! L’après-midi est également consacré à la préparation des laitages: beurre, yaourt, fromage. Mais aussi la distillation de vodka à base de yaourt de vache. Pendant que leur mère s’active, les deux plus jeunes enfants s’occupent avec ce qu’ils trouvent dans la nature et s’amusent entre eux. Pas de jouet ici et pas de sur-sollicitation, les enfants sont tranquilles et ne réclament pas d’intérêt sans cesse. Ils ne sont pas surprotégés non plus et gambadent tranquillement au milieu du bétail pendant la traite. A l’heure de l’apéro Puujee sort la bouteille de vodka. Il a lavé son van à la rivière l’après-midi et installé la configuration « mini-bar ». Nous commençons à enchainer les shots avec lui, Moogii et deux autres chauffeur  et guide arrivés avec une autre famille au camp. Bien mal nous en a pris car nous n’avons pas leur habitude et le lendemain sera très douloureux surtout quand le chef de famille rentré durant la nuit nous souhaite la bienvenue avec un nouveau shot de vodka au réveil !  

Vallée d’Orkhon : famille de Batsukh

La route de la journée pour parvenir au parc national de la vallée d’Orkhon, véritable berceau du peuple mongol, classée à l’UNESCO, sera  pénible aussi car le mal de tête et la nausée peu compatibles avec les pistes cabossées. Il nous faut la journée pour nous en remettre, une petite balade à la grande cascade de la réserve, une soupe et au lit ! Dans cette région boisée notre camp est au bord de la rivière tout proche de la forêt. La famille élève chevaux, yaks, chèvres et moutons. L’hiver le père est chasseur et traque le loup aussi, il y en a plus de 4 millions dans le pays à l’affût des 70 millions de têtes de bétail. Plusieurs vans de voyageurs font escale ici. La région est splendide avec ses immenses étendues d’herbe parsemées de pierres issues d’anciennes irruptions volcaniques et ses parterres d’edelweiss. Nous allons cueillir les cassis dans la forêt voisine accompagnés de Moogii et 3 enfants nomades pour faire le délice de notre goûter avec un peu de sucre avant la préparation des Khuuahuur (fried big dumpling) pour le dîner.

Kharkhorin

Puujee assure afin de ne pas enliser le van lors de cette journée complète de pluie pour quitter le parc naturel. Impossible de circuler seul ici quand on n’est pas du pays et ce d’autant plus par conditions météo difficiles. La Mongolie est l’un des pays avec le moins de précipitations au monde mais avec la pluie le temps s’est bien rafraîchi et on ressort les gants, bonnets et polaires pour les 3 heures de marche dans la forêt afin d’accéder au monastère Tuvkhen du 17ème siècle construit à flanc de montagne, d’où la vue doit être splendide par temps dégagé. Auparavant nous avons pris quelques forces en nous arrêtant déjeuner de pâtes au mouton fraîchement abattu car sa carcasse est encore sous le lit canapé dans la yourte où nous sommes accueillis. Nous rentrons les pieds trempés de la randonnée et nous séchons dans le van pendant les quelques heures de piste pour rejoindre Kharkhorin, ancienne capitale de l’empire mongol avant l’emprise du pays par les mandchous au 17e. Au XIIIe siècle, le fameux Gengis Khan unit la plupart des tribus turques et créa le plus grand empire que le monde ait connu, allant de la Corée du Nord jusqu’en Hongrie – empire achevé par son petit-fils (Kubilai Kahn) par la conquête de la Chine.

 

La dynastie des Yuan régna alors depuis Pékin, chassée de Chine par les Ming au XIVe siècle. Les restes du monastère du 16ème aux 108 stupas préservés par les communistes évoquent la grandeur de la ville avant sa chute. Aujourd’hui la ville est plutôt déprimante surtout par temps gris et le changement de programme que l’agence nous propose ne nous convient pas du tout : dormir ici dans une guesthouse de yourtes entourées de parpaings pour notre dernière soirée avec Moogii et Puujee ! On continue donc une centaine de km pour nous arrêter dans le camp que nous connaissons près des dunes de sable. La famille nous accueille dans une nouvelle yourte montée entre-temps dans laquelle ils nous installent le poêle afin de nous réchauffer.Dernier petit déjeuner le lendemain matin face aux dunes, cela vaut mieux que les parpaings et la douche!

Retour à Oulan-Bator

Nous arrivons la gorge serrée en fin de journée à Oula-Bator pour notre dernière nuit en Mongolie, mais aussi notre dernière nuit du tour du monde ! Ce pays extraordinaire à la population très attachante nous aura comblés lors de cette dernière étape. Difficile de quitter Puujee et Moogii qui auront été des compagnons de séjour d’une gentillesse incroyable. Avant les au-revoir dans notre appartement où cette fois ce sont nous qui les accueillons pour un dernier verre d’adieu, nous dénichons un facteur d’arcs et maître d’archerie, Batmunkh Tumurkhuu, dans un endroit improbable. Il fabrique dans son appartement des arcs mongols composés de bois de bouleau, de corne et de colle et nous reçoit pour le plus grand plaisir d’Arnaud qui trouvera là ce qu’il était entre-autre venu chercher dans ce pays ! Le maître lui remettra son arc dans un cérémonial digne de l’intérêt que porte ce peuple à cette arme devenue sport célébré par les mongols depuis plus de 800 ans.

Nomad Planet : (agence réceptive) 02-29, 6 khoroo, 6 khoroolol, Chingeltei, Ulaanbaatar / Tel : +976 91017981 / Nomad Planet

Facteur d’arcs : Batmunkh T. / Ulaanbaatar, Bayangol District, 6th khoroo, 15 building / Tel : +976 70287085 ou +976 99094020 / Mongolianarchery

 

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1 Comments

Cath 6 années ago

Bonjour,

Comment avez vous trouve ce chauffeur? Combien cela vous a t il coute?
Des regrets?

Merci,
Cath

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